L’Atlas archéologique de la Tunisie

L’Atlas archéologique de la Tunisie comprend deux séries de cartes, au 1:50 000 pour la première série parue entre 1892 et 1913 et au 1:100 000 pour la seconde, de 1914 à 1932. Elles sont publiées chez Ernest Leroux par la Commission du nord de l’Afrique du Ministère de l’Instruction publique⁽¹⁾

Celle-ci a été créée en 1884 par Xavier Charmes (1844-1919), directeur du Secrétariat au Ministère de l’Instruction publique (1882-1897) et fondateur du Comité des travaux historiques et scientifiques (1886). Chargée de réunir et de publier les découvertes archéologiques tunisiennes et rattachée à la section d’archéologie du comité des travaux historiques et scientifiques, elle prendra le nom de commission de publication des découvertes archéologiques faites en Tunisie, mieux connue sous le nom de commission de Tunisie⁽²⁾.

Les cartes publiées résultent de travaux sur le terrain exécuté entre 1889 et 1906 par le Service géographique de l’Armée. Accompagnées d’un texte explicatif, il s’agit d’éditions spéciales qui diffèrent de l’édition courante par l’ajout en rouge de numéros correspondant aux ruines antiques et de toponymes latins (voir ci-dessous).

Réalisée par Ernest Babelon (1854-1824), René Cagnat (1852-1937) et Salomon Reinach (1858-1932), trois auteurs ayant participés aux instructions du CTHS sur la recherche des antiquités dans le nord de l’Afrique (Paris, Leroux ,1890)⁽³⁾, la première série est complète et compte soixante cartes publiées en quinze livraisons. La seconde, sous la conduite de René Cagnat (1852-1937) et de son gendre Alfred Merlin (1876-1965) reste inachevée et comporte cinq livraisons. Chaque livraison comporte quatre cartes et leurs notices explicatives.

Jean-Baptiste Chabot (1870-1948) a publié des tables dans le volume du Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques daté de 1939-1940. Celles-ci comportent notamment :

• une liste des cartes contenues dans l’Atlas

• un tableau d’assemblage des cartes contenues dans l’Atlas (ci-contre)

• un index des noms anciens

• un index des Noms modernes

• une liste des plans et figures insérés dans le texte explicatif de l’Atlas

Vous pouvez consulter des exemplaires numérisés des cartes et de leurs notices sur les sites suivants :

Séries	Cinumed	INP	INHA	IRMC
1. série 1:50 000 1892-1913	oui	oui	oui	oui
2. série 1:100 000 1914-1932		oui

La BU des Deux Lions conserve des exemplaires de seize livraisons sur dix-neuf. Dans la première série au 1:50 0000, seule manque la troisième livraison, et dans la deuxième série au 1:100 000, la troisième et la quatrième livraison.

L’Atlas archéologique de la Tunisie s’inscrit dans un projet plus vaste de description de l’Afrique du Nord entreprise sur l’ordre de M. le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts où figurer une série sur les Musées et collections archéologiques de l’Algérie et de la Tunisie sous la direction de René Marie de La Blanchère, (1853-1896) et de Georges Doublet (1863-1936) et l’Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne des origines jusqu’à l’invasion arabe de Paul Monceaux (1859-1941). D’autres projets concernant l’Afrique du Nord l’avaient précédés au cours du XIX^e siècle, mais ceux-ci avaient été concentrés sur l’Algérie, la régence de Tunis n’étant devenue un protectorat de la France qu’en 1881, avec le traité du Bardo.⁽⁴⁾

Dès l’instauration du Protectorat, des mesures législatives de protection du patrimoine furent prises et l’année 1885 est marquée par la création du service des Antiquités dans l’administration beylicale, dirigé successivement par René Du Coudray de La Blanchère (1885-1896), Paul Gauckler (1896-1905) et Alfred Merlin (1906-1921). De nombreux ouvrages paraissent alors, et comme le souligne Sadok Ben Baaziz, la période allant de 1882 à 1921 est celle où l’archéologie tunisienne, après avoir été l’affaire des voyageurs jusqu’en 1830, puis des explorateurs jusqu’au Protectorat, devient celle d’une administration coloniale qui, parallèlement à cette entreprise culturelle, améliore sa connaissance du territoire, notamment grâce aux cartes topographiques réalisées alors par le Service géographique de l’Armée. C’est ainsi qu’aux côtés des membres du service des Antiquités et de certains clercs de l’église catholique, les militaires jouent un rôle non négligeable dans cet essor de l’archéologie scientifique en Tunisie.⁽⁵⁾

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1. Cf. Avant-propos de la première série.

2. Cf. Myriam Bacha. “La création des institutions patrimoniales de Tunisie : œuvre des savants de l’Académie des inscriptions et des belles-lettres et des fonctionnaires du ministère de l’Instruction publique et des Beaux-arts”, Livraisons d’histoire de l’architecture, n°12, 2e semestre 2006, p. 123-134. Voir aussi Jehan Desanges, “La Commission dite de l’Afrique du Nord au sein du CTHS”, Afrique du nord antique et médiévale. Actes du VII^e colloque international sur l’histoire et l’archéologie de l’Afrique du Nord, S. Lancel (dir.), Paris, éd. du CTHS, 1999, p. 11-22.

3. Cf. Roger Hanoune. “Les Instructions du CTHS pour la Recherche des antiquités dans le nord de l’Afrique (1890) et l’histoire de l’archéologie du Maghreb”, in Écriture et transmission des savoirs de l’Antiquité à nos jours, sous la direction de Dominique Briquel, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2020.

4. Cf. Myriam Bacha, article cité.

5. Cf. Sadok Ben Baaziz. “Historique de la recherche archéologique en Tunisie”, in Hommes, cultures et paysages de l’Antiquité à la période moderne. Mélanges offerts à Jean Peyras, Presses universitaires de Rennes, 2013, p. 57-78.

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